En juillet, toute la presse donnait le candidat bavarois CSU Stroiber gagnant. En septembre 1998, c’est pour en finir avec la politique anti-ouvrière du gouvernement CDU-CSU de Khol que la classe ouvrière a massivement voté SPD (le SPD recueillait 40,9% des suffrages, la CDU-CSU 32,5%). Mais le gouvernement d’alliance avec les Verts constitué par Schröder a développé une politique de défense des intérêts du capitalisme allemand : nouveau code la nationalité, loi sur l’immigration, privatisations (Deutsche Post, Deutsch Telecom, la compagnie ferroviaire : Deutshe Bahn), défiscalisation des plus-values réalisées sur la vente des participations industrielles, mise en place de la réforme des retraites introduisant les fonds de pension en Allemagne, préparation d’un plan pour développer la flexibilité du travail et mettre en cause les allocations de chômage alors même que le chômage s’est considérablement accru (plus de 4 millions de chômeurs, le taux de chômage, 9,6% atteint des proportions dramatiques à l’est : plus de 18%). La classe ouvrière et la jeunesse rejettent cette politique : le SPD perd 1,7 million de voix par rapport à 1998
Les résultats sont les suivants (Le Monde du 24 septembre) :
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Inscrits
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Participation
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Exprimés
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Nombre de sièges
à pourvoir
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CDU-CSU |
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FDP |
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PDS |
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Grünen (Verts) |
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SPD |
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A l’ouest, l’abstention a touché de façon importante l’électorat ouvrier (dans les Länder, fiefs du SPD comme la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’abstention est de 31,8%). Pourtant, l’électorat ouvrier semble s’être re mobilisé par rapport aux prévisions de cet été. Les syndicats ouvriers ont tenu des meetings dénonçant le programme de Stroiber qui affirme ouvertement vouloir casser les conventions collectives et développer la "déréglementation" (c’est à dire la liquidation des acquis nationaux codifiés dans ces conventions, acquis qui limitent la concurrence entre les salariés) et affirmant que le syndicat ne pouvait être neutre. Le prolétariat et la jeunesse n’ont pas été indifférents aux déclarations de Gerhard Schröder contre la participation de l’Allemagne à l’offensive militaire en Irak avec ou sans résolution de l’ONU.
Le résultat de ces élections qui voit le SPD devancer de justesse (8 864 voix) la CDU-CSU n’est en rien un vote de soutien au programme de Schröder. C’est donc un vote de classe, les travailleurs cherchant à utiliser le SPD pour se rassembler comme classe face à la bourgeoisie.
De par son nombre, et surtout de par son histoire, le prolétariat
allemand est le prolétariat décisif en Europe. A l’heure
où l’exigence de l’impérialisme est de liquider les acquis
fondamentaux du prolétariat des États de l’Europe occidentale
(sur le modèle de ce qu’a réalisé Thatcher en Angleterre),
les capacités de résistance du prolétariat allemand
sont un point d’appui pour tous les prolétariats d’Europe. On comprend
que la réélection de Schröder, dans ces conditions,
ait été peu appréciée du président américain
George Bush. CPS publiera prochainement un article sur la situation en
Allemagne.